Après Shenzhen et avant Châtellerault, Francis Guyot a réalisé une autre sculpture monumentale.

Installée à Chasseneuil, cette évocation de l'Europe en onstruction a rassemblé dans un même élan enfants des écoles, jeunes de la commune, entrepreneurs.

Toujours plus haut ! Les mots de Jean Mermoz résonnent singulièrement dans cet espace herbeux de l'avenue Lanaja où Francis Guyot vient d'ériger la dernière de ses créations sculpturales, « Europe ». En fait, c'est la septième fois qu'il décline ses visions très contemporaines de la planète terre. Hier parcours de « l'homme en marche », au conseil général, son « clone géant » installé dans une Chine ultra moderne à Shenzhen.

Par la suite, l'œuvre s'est chargée de colis pour une entreprise de transports, devenant berceau pour une bien jolie Mélusine en décor de Rura­lies, abri pour un enfant à naître, dans un jardin aux portes closes.

Ici, à Chasseneuil, le hasard a bien fait les choses : « Il y a plusieurs années, j'avais rencontré Anne-Marie Raffarin, qui venait d'être élue et que le maire, Claude Edelstein, avait nommée adjointe à la culture. Nous avions parlé d'un projet qui pourrait voir le jour dans la commune, atelier, conférence, nous ne savions pas exactement. L'idée est restée à l'état d'ébauche, avant que nous en discutions à nouveau, il y a quelques mois. »

Cette fois, l'artiste poitevin propose un projet plus précis : « J'avais dans l'idée une œuvre qui resterait et qui serait un lien entre les habitants parce qu'ils auraient participé à sa confection. Nous avons choisi le thème de l'Europe, le conseil municipal a accepté. »

400 dessins d'enfants

La sculpture sera métallique et évoquera en cinquante petits drapeaux, vingt-cinq nations, les régions de France, les Dom Tom, l'Europe : « Il y a là l'idée d'une union au travers ce qui fait notre pays et ce qui le lie à la fédération des états amis. C'est un hommage à Monnet et Schuman, et à travers eux à la paix qui règne entre ces pays. »

Des modèles de logos et drapeaux sont confiés aux enfants des écoles qui vont réaliser quelque quatre cents dessins : « Ils ont pu faire évoluer les formes, les concepts, la naïveté est voulue. » Cinquante seront  choisis dont l'artiste délimitera les contours avant de confier leur mise en couleurs à des adolescents d'un chantier jeunes. Une fédération d'énergies cette fois, à laquelle adhéreront des entrepreneurs, De­buschère et Lacroix Inox, des amis, « notamment pour les soudures », la commune, qui prend en charge l'achat des matériaux de base.

Du rêve à la réalité, l'œuvre est bien visible aujourd'hui. Finalité qui pourrait n'être que commencement : « Au départ, nous avions prévu la mise en place sur l'île verte. La crainte d'inondations dommageables nous a fait préférer cet espace inoccupé à deux pas de la nationale et du Futuroscope. »

Il restait beaucoup de place autour, Francis Guyot a proposé de la consacrer à un arboretum européen en demandant à chaque pays l'envoi de trois essences le représentant bien. Site vert, le lieu pourrait devenir également, si les élus en sont d'accord, une galerie à ciel ouvert : « Il suffit pour cela d'un aménagement paysager qui offre des " niches " où de jeunes artistes seraient invités à exposer. » La décision, (ou non), sera prise prochainement. En attendant, l'inauguration aura eu lieu, samedi 30 août à 17 heures. Avec l'ensemble des participants et une présentation de tous les dessins des enfants. Image également symbolique de l'avenir qu'ils représentent.

Claude AUMON.